Dans un village, vivaient une veuve e son fils unique
nommé Wend Waoga ce qui signifie «Dieu est grand».
Ce dernier, confronté très tôt aux dures réalités
de l’existence, se mit tres vite au travail, convaincu que la
vie appartient a ceux qui se levent tôt et que le bonheur se
trouve toujours au bout de l'effort.
Wend Waoga était donc de la race des «lève-tôt»
et «couche-tard». Dès son jeune âge, il apprit
a travailler dur et a en récolter le fruit.
Au fil des ans, il réussit à se construire une immense
richesse. A vingt ans, il avait un parc de cent boeufs, un troupeau
de deux cents moutons et de deux cents chèvres; il avait vingt
chevaux et cinquante anes. Il était propriétaire de
plusieurs canaris remplis de pépites d'or et de pieces d'argent.
Sa concession était entourée de greniers ventrus remplis
de mil, de riz, de haricot et de sésame. I! avait enfin beaucoup
d'amis.
Sa mere luí disait :
«Mon fils, fais beaucoup attention. L'homme est ingrat et méchant.
Tu as beaucoup d'amis parceque tu es riche».
Wend Waoga répondait :
«Tu exageres, Mère. Tous les hommes ne sont pas mauvais!»
Et la veuve insistait :
«Je sais de quoi je parle; nous sommes toujours sûrs de
l'amitié que nous avons pour les autres, mais nous ne sommes
jamais certains de l’amitié - la vraie amitié,
1'amitié véritable- que les autres ont pour nous».
Le fils aussi persistait :
«Je suis sur et certain que tout ce monde qui évolue
autour de moi, me côtoie par simple amitié et non par
intérêt».
La veuve était excédée par tant d'incrédulité
de la part de son fils, ce fils unique qu'elle couvait comme un nourrisson.
Elle se demandait souvent avec amertume, comment lui ouvrir Íes
yeux.
Une nuit, elle fít un rêve étrange et vit son
fils, son cher fils, les mains liées au dos, le visage en sueur,
conspué par une foule en colère.
«Assassin! Assassin!», criaient les uns «Au poteau!
Au poteau!», criaient les autres.
On accusait Wend Waoga d'avoir tué un homme. Elle tenta de
se jeter sur les agresseurs de son fils, mais ses jambes lourdes restaient
sans mouvement et ses cris refusaient de sortir de sa gorge.
Le long braiment d'un âne annoncant l'agonie de la nuit sous
les coups de boutoir du jour naissant la tira de son sommeil et de
son cauchemar. Elle se réveilla en sursaut, se mit sur son
séant, la tête entre les mains, le corps couvert de sueur
et secoué de convulsions.
Quand elle se fut calmée, elle se mit á réfléchir.
Elle réfléchit pendant un long moment et fínit
par s'écrier à haute voix :
«Wend Waoga comprendra la leçon!»
Le mauvais rêve l'avait inspirée. Elle fit venir son
fils et lui dit:
— Tu as peu d'amis dans ce village et je vais t'en donner la
preuve!
— Ne recommence pas, Mere. Tu ne vois que le mauvais partout,
tenta de se défendre Wend Waoga.
- Tais-toi fils, et fais ce que je vais te dire de faire! Ecoute-moi
bien: tu tueras un gros mouton et tu en mettras la carcasse dans un
sac. Tu iras trouver certains de tes meilleurs amis, tu leur diras
à chacun que tu as ôté la vie à un homme
et tu viens leur demander conseil. Tu respecteras mes consignes à
la lettre!
Wend Waoga voulut objecter, mais sa mere ne lui en laissa pas le temps.
— Va, mon fils! tu seras édifié, trancha-t-elle
d'un, ton qui ne souffrait pas de replique.
Le fíls était perplexe, convaincu que l'injonction de
sa mere n'était que caprice. Ah, vieillesse, quand tu nous
tiens!
Néanmoins, il tua un bélier, le dépeça
et mit la carcasse de l 'animal dans un sac. Il alla trouver Raogo
son camarade d'enfance et lui dit:
— Toi, mon meilleur ami, viens à mon secours. J'ai surpris
dans la nuit un homme d'un village voisin en compagnie de ma promise.
Fou de colère et de jalousie, je lui ai transpercé le
coeur avec mon poignard. Aide-moi à trouver une solution à
la situation, sinon, je suis perdu.
Raogo lui répondit:
— Mon cher Wend Waoga, l'amitié a des limites. Je ne
prendrai pas le risque de me meler a un crime qui ne me concerne pas.
Wend Waogo était sidéré. Quelle volte-face de
la part de Raogo! Il alla chez Rabanéga, un autre ami de sa
classe d'âge et lui tint à peu prés le même
langage. Celui-ci ne lui laissa même pas le temps de terminer
son propos :
— Tu as intérét à aller te dénoncer
auprès du roi.Et surtout sors d'ici avant que quelqu'un ne
te voit en ma compagnie! trancha-t-il tout net, tout sec.
Wend Waogo n'en croyait pas ses oreilles. Il se rendit, chez Lallé,
Goama, Noaga ... et Tanga. Tous lui tournèrent le dos.
Il alla chez Manégré et lui chanta son refrain. Celui-lá
l'écouta sans mot dire et, quand Wend Waoga termina son récit
les larmes aux yeux et de la détresse dans la voix, il lui
dit:
— Ne t'en fais pas, mon frère. Nous trouverons bien une
solution à ton problème. J'espère qu'aucun autre
n'est au courant de ton infortune?
—Ma mère seule est dans le secret, répondit Wend
Waoga.
— Es-tu sur qu'elle n'en a parlé à personne? interrogea
encore Manégré.
— J'en suis sur! Je réponds d'elle, avança Wend
Waoga.
— Alors, je te propose la solution suivante: nous allons déplacer
mon lit et enterrer le cadavre dans ma case. Ainsi, personne n'en
saura jamais rien.
Wend Waoga éclata de rire devant Manégré sidéré.
Celui-ci ne comprenait plus rien. Son ami lui donna alors les vraies
raisons de sa démarche entreprise sur les conseils de sa mère.
Wend Waoga comprit ainsi que celle qui lui avait donné le jour
avait raison de dire que ce n’est que dans le malheur que lón
reconnaît ses vrais amis. Il comprit aussi que ce qu’il
croyait être un caprice de vieille femme n'était autre
que la voix de la sagesse.
Lézin Didier Zongo Cuentos de Burkina Faso,
vol. I (2006)
Una amistad sincera
En un pueblo vivían una viuda y su hijo único
llamado Wend Waoga, que significa «Dios es grande». Éste
último, enfrentado muy pronto a las duras realidades de la
existencia, se puso muy pronto a trabajar, convencido de que la vida
pertenece a aquellos que se levantan temprano, y de que la felicidad
se encuentra siempre al final del esfuerzo.
Wend Waoga era, pues, de la raza de los «levanta-pronto»
y «acuesta-tarde». Desde su infancia, aprendió
a trabajar duro y a recoger su fruto.
Al cabo de los años, consiguió hacerse con una inmensa
riqueza. A los veinte años, tenía un redil de cien bueyes,
un rebaño de doscientos corderos y doscientas cabras; tenía
veinte caballos y cincuenta asnos. Era propietario de muchos recipientes
llenos de pepitas de oro y monedas de plata. Su propiedad estaba rodeada
de graneros tripudos llenos de mijo, arroz, judías y sésamo.
Tenía muchos amigos.
Su madre le decía :
—Hijo mío, presta atención. El hombre es ingrato
y malvado. Tienes muchos amigos porque eres rico.
Wend Waoga respondía :
—Exageras, madre. ¡No todos los hombres son malvados!
Y la viuda insistía:
—Sé de lo que hablo; nosotros podemos estar seguros siempre
de la amistad que sentimos hacia los otros, pero no estamos jamás
seguros de de la amistad —la verdadera amistad, la amistad auténtica—
que los otros sienten por nosotros.
El hijo insistía todavía :
—Estoy totalmente seguro de que todo este mundo que gira en
torno mío me frecuenta por amistad y no por interés.
La viuda estaba exasperada por tanta incredulidad de su hijo, ese
hijo único que mimaba como a un bebé. Se preguntaba
a menudo con amargura cómo abrirle los ojos.
Una noche, tuvo un extraño sueño y vio a su hijo, su
querido hijo, con las manos atadas a la espalda, el rostro bañado
de sudor, hostigado por una multitud encolerizada.
—¡Asesino!¡Asesino! —gritaban unos.
—¡A la picota!¡A la picota! —gritaban otros.
Se acusaba a Wend Waoga de haber matado a un hombre. Ella intentó
lanzarse contra los agresores de su hijo, pero sus piernas pesadas
quedaron sin movimiento y sus gritos se resistían a salir de
su garganta.
El largo rebuzno de un asno anunciando la agonía de la noche
bajo los embates del día naciente la sacó de su sueño
y de su pesadilla. Se despertó sobresaltada, se incorporó
con la cabeza entre las manos, el cuerpo cubierto de sudor y sacudida
por convulsiones.
Cuando se calmó, se puso a reflexionar. Meditó largo
rato y acabó por gritar en voz alta:
—¡Wend Waoga comprenderá la lección!
El mal sueño la había inspirado. Hizo venir a su hijo
y le dijo:
—¡Tienes pocos amigos en este pueblo, y voy a probártelo!
—No empieces de nuevo, madre. Solo ves el mal en todas partes
—intentó defenderse Wend Waoga.
—¡Cállate, hijo, y haz lo que te diga! Escúchame
bien: matarás un grueso cordero
y pondrás el cadáver en un saco. Irás a buscar
a algunos de tus mejores amigos, y le dirás a cada uno que
has quitado la vida a un hombre y vienes a pedirle consejo. ¡Respetarás
mis instrucciones al pie de la letra!
Wend Waoga quiso protestar, pero su madre no le dio tiempo.
—¡Ve, hijo mío! Aprenderás —zanjó
ella con un tono que no admitía réplica.
El hijo estaba perplejo, convencido de que la orden de su madre no
era más que un capricho. ¡Ah, vejez, cuánto nos
controlas!
Sin embargo, mató un cordero, lo despedazó y puso el
cadáver del animal en un saco. Fue a buscar a Raogo, su amigo
de la infancia, y le dijo:
—Tú que eres mi mejor amigo, socórreme. He sorprendido
en plena noche a un hombre de un pueblo vecino en compañía
de mi prometida. Loco de cólera y de celos, le he traspasado
el corazón con mi puñal. Ayúdame a encontrar
una solución a esta situación porque si no estoy perdido.
Raogo le respondió:
—Querido Wend Waoga, la amistad tiene sus límites. No
me arriesgaré a mezclarme en un crimen que no me concierne.
Wend Waoga estaba pasmado. ¡Qué cambio había dado
Raogo! Fue a casa de Rabanega, otro amigo de su edad, y le habló
más o menos en el mismo lenguaje. Éste no le dejó
ni tiempo de terminar:
—Te conviene confesar ante el rey. ¡Y, sobre todo, sal
de aquí antes de que alguno te vea conmigo! Zanjó, muy
claro y muy seco.
Wend Waogo no creía lo que oía. Fue a casa de Lallé,
Goama, Noaga... y Tanga. Todos le dieron la espalda.
Fue a casa de Manegré y le cantó la misma canción.
Éste lo escuchó sin decir palabra y, cuando Wend Waoga
terminó su relato, con lágrimas en los ojos y voz compasiva,
le dijo:
—No te preocupes, hermano mío. Encontraremos solución
a tu problema. Espero que nadie esté al corriente de tu desgracia.
—Solo mi madre está en el secreto —respondió
Wend Waoga.
—¿Estás seguro de que ella no se lo ha dicho a
nadie? —interrogó aún Manegré.
—¡Estoy seguro! Respondo de ella —añadió
Wend Waoga.
—Entonces, te propongo la siguiente solución: vamos a
correr mi cama y a enterrar el cadáver en mi cabaña.
Así nadie sabrá nunca nada.
Wend Waoga rompió a reír delante de un pasmado Manegré.
Éste no comprendía nada. Su amigo la dijo entonces las
verdaderas razones de la tarea emprendida por consejo de su madre.
Wend Waoga comprendió así que la que le había
dado el ser tenía razón al decir que es
en la desgracia donde se reconoce a los verdaderos amigos.
Comprendió también que lo que creía ser un capricho
de anciana no era otra cosa que la voz de la sabiduría.