01.- Pedro Alfonso,
el primer español autor de cuentos "europeo".
La disciplina
clericalis en Europa
Cuento XIX.- Los dos burgueses y el rústico
00.- FABLIAU. LE CASTOIEMENT DU PÈRE
À SON FILS
Les Deux Bourgeois et le
vilain
J'ai ouï conter qu'un vilain, en compagnie de deux bourgeois,
s'en allait en pèlerínage: ils faisaient dépense
commune. Ils n'étaient pas loin du lieu saint quand l'argent
vint à leur manquer. II leur restait de la farine, tout juste
de quoi faire un pain. Les bourgeois s'en vont à l'écart,
comme deux larrons qui complotent:
-Ce paysan n'est qu'une bête; trouvons moyen de l'engeígner.
Une idee leur vient, ils se disent:
-Faisons le pain, mettons-le cuire; là-dessus nous irons dormir.
Celui-là seul le mangera qui fera pendant son sommeil le rêve
le plus étonnant.
Le vilain sans bouger attend que les bourgeois soient endormis. II
se lève, court au foyer, tire le pain, tout chaud le mange
et s'en va aussitôt s'étendre. A son tour un bourgeois
se leve et réveille son compagnon. «
-J'ai fait, dit-il, un bien beau rêve qui m'a mis le coeur tout
en joie. Saint Gabriel et saint Michel ont ouvert la porte du ciel;
ils m'ont emporté sur leurs ailes et J'ai vu la face de Dieu.
-Tu as de la chance, dit l'autre. Mon rêve fut bien diíférent;
il m'a semblé voir deux démons qui m'ont entraîné
en enfer.
Notre vilain les entendait et faisait semblant de dormir. Les bourgeois,
pensant le duper, l'appelèrent pour l’éveiller.
Feignant la surprise d'un homme qu'on tire d'un profond sommeil, encore
ahuri par les songes, il leur demanda aussitôt:
-Qu’y a-t-il, et qui m’a fait peur?
-Nous sommes vos deux compagnons, vous le savez bien, levez-vous!
-Seriez-vous déjà de retour ?
-De retour? nigaud ! mais nous n’avons jamais bougé.
-Je veux bien vous croire ; pourtant voici le rêve que j’ai
fait: Saint Gabriel et saint Michel ont ouvert les portes du ciel
et on emporté l’un de vous pour le conduire devant Dieu;
des diables ont entrainé l’autre dans l’éternel
feu de l’enfer. Je pensais vous avoir perdus et ne plus jamais
vous revoir. Je me levai, mangeai le pain ; j’avoue n’en
avoir rien laissé.
Ainsi fit le paysan. On doit avoir, par Dieu le grand, la punition
que l’on mérite ; et qui tout convoite, tout perd.
(Le castoiement du père à son fils
[adaptación en verso de la Disciplina Clericalis]
en Fabliaux. Ed. de Gilbert Roger. Gallimard, 78)
Los dos burgueses y el villano
He oído contar que un villano,
en compañía de dos burgueses, iba de peregrinaje y compartían
los alimentos. No estaban lejos del santo lugar cuando les faltó
dinero. Les quedaba harina, la justa para hacer con ella un pan. Los
burgueses se apartaron, como dos ladrones que conspiran:
-Este campesino es un animal; encontremos el medio de engañarlo.
Les viene una idea, se dicen:
-Hagamos el pan, pogámoslo a cocer ; iremos a dormir arriba.
Comerá el pan aquel que, mientras duerme, tenga el sueño
más asombroso.
El villano, sin moverse, espera a que los burgueses estén dormidos.
Se levanta, corre al hogar, saca el pan, bien caliente se lo come
y se va enseguida a tumbarse. A su vez, un burgués se levanta
y despierta a su compañero.
-He tenido –dice- un sueño muy hermoso que me ha alegrado
el corazón. San Gabriel y San Miguel han abierto la puerta
del cielo ; me han llevado sobre sus alas y he visto el rostro de
Dios.
-Tienes suerte –dice el otro-. Mi sueño fue muy diferente
; me ha parecido ver dos demonios que me han arrastrado al infierno.
Nuestro villano los oía y fingía dormir. Los burgueses,
pensando engañarlo, lo llamaron para despertarlo. Fingiendo
la sorpresa de un hombre sacado de un profundo sueño, todavía
pasmado por los sueños, les preguntó enseguida:
-¿Qué pasa? ¿Quién me asusta?
-Somos nosotros, tus dos compañeros, ya lo sabes, ¡levántate!
-¿Estáis ya de regreso?
-¿De regreso? ¿de regreso? ¡Atontado! ¡Si
no nos hemos movido!
-Quiero creeros, pero este es el sueño que he tenido: San Gabriel
y San Miguel han abierto las puertas del cielo y han llevado a uno
de vosotros para conducirlo ante Dios; los diablos han arrastrado
al otro al eterno fuego del infierno. Yo pensaba haberos perdido y
no volver a veros jamás. Me levanté, comí el
pan; confieso que no he dejado nada.
Así obró bien el campesino. Uno debe tener, por el gran
Dios, el castigo que se merece; y quien lo codicia todo, lo pierde
todo.
[Traducción: C. Hernández Valcárcel]